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23/08/2021
"Lanceurs d'alerte", une expression qui est rentrée dans le vocabulaire courant avec Julian Assange et ses WikiLeaks, dont on entend encore parler périodiquement... pour savoir qu'il est
réfugié dans l’ambassade d’Équateur à Londres (de 2012 et 2019) ou qu'il est incarcéré depuis 2019 au Royaume-Uni dans l’attente d’une procédure d’extradition demandée par les États-Unis après avoir été inculpé pour « espionnage » (il encourt 175 ans de prison !).

Nous sommes un peu schizophrène avec ces personnes qui dénoncent des situations au péril de leur situation voir de leur vie. Doit-on les féliciter et les rémunérer pour cet acte remarquable (au risque d'encourager des dénonciations calomnieuses) ou doit-on les abattre car ils ont essayé de sortir la meute de sa servilité et qu'ils ont fait prendre des risques à des personnes qui n'avaient rien demandé (quand des listes d'espions apparaissent au milieu des milliers de pages dévoilées) ?

La question semble idiote quand elle est posée comme cela mais le film montre que nous ne sommes pas prêts à perdre notre travail, notre confort pour la beauté de la vérité. Pire, nous sommes prêts à accepter des sacrifices pour nous et pour des personnes qu'on aime puisque vivre "d'amour et d'eau fraîche" est un beau programme qu'on proposera toujours à son voisin plutôt que de se l'appliquer.

Fermer une usine, se retrouver au chômage et savoir que ce qui ne se fait pas ici se fera là-bas ? Je peux comprendre que cela fasse réfléchir et même que cela empêche d'agir. Vu au cinéma on se dit "Mais c'est honteux, moi je parlerai" mais montez le prix de l'essence ou expliquez que l'on devrait payer X fois plus cher l'électricité si l'on arrêtait le nucléaire puisque d'autres électricités coûtent plus cher à produire et qu'il faudra bien démanteler les centrales actuelles et... je suis curieux de savoir quel pourcentage de la population accepterait cela.

Que faire ? Bonne question que pose par intermittence ce film même si le scénario ne donne pas de réponse. Cela se comprend et si j'apprécie de ne pas avoir un avis trop tranché, j'aurais aimé qu'il creuse un peu les moyens d'action et de pression qui existent pour réellement faire changer les choses. A quel échelon faudrait-il monter pour avoir quelqu'un ayant réellement le pouvoir de changer les choses ?
- l'ouvrier ? Interchangeable, remplacé par des intérimaires quand on souhaite éviter les "problèmes"..
- le syndicaliste ? Ouvrier comme les autres, il est protégé par son statut mais faire pression pour changer les hoses peut retomber directement sur la tête des collègues...
- le patron ? Quand il n'y a pas d'actionnaire, ça me semble un bon choix mais, pour se développer, il y a souvent recours aux fonds d'investissements et là, ce n'est plus la même limonade : choisir entre l'argent à distribuer aux actionnaires ou à investir ? Si l'on veut garder du monde derrière soi, la réponse est sans appel
- les politiques ? Ne craignent pas pour leur travail et sont là pour servir l'intérêt commun mais dans une économie ou la délocalisation est une affaire de jours, il vaut mieux bien choisir ses combats pour que cela ne retombe pas illico sur la tête d'ouvrier qui devraient déménager en Roumanie ou ailleurs..

On voit actuellement ce qui se passe pour le climat : tout le monde est au courant et ? Certains ont honte de prendre l'avion et décident de devenir cultivateurs dans le Berry, d'autres mangent uniquement en achetant dans des circuits courts, d'autres.... Mais concrètement qu'est-ce qui a été fait ? Des permis d'émission de CO2 qui ont donné lieu... à une nouvelle bourse d'échange ! Du coup est-ce qu'on avance ?

Doit-on diminuer les émissions de tout le monde ? Et interdire à des pays qui se développent de faire ce que nous avons allègrement fait nous même pour nous développer ? Ce n'est pas dans cette critique de film que je trouverai la solution miracle mais je trouve que le film est un peu trop sage dans son déroulé. Certes, il est pédagogique mais il aurait du creuser du côté du personnage du père (qui est au courant et qui laisse faire) plutôt que de rester accroché aux basques de la fille qui a le classique rôle d'Erin Brockovich, quasiment seule contre tous.

Rouge est au final un bon téléfilm, ce qui n'a rien de déshonorant quand on le voit un vendredi soir à 21h sur France 2 mais en donnant à chaque personnage un rôle bien identifié et en enfilant les scènes illustrant les diverses étapes sans jamais prendre le temps d'approfondir, il manque de souffle (sans mauvais jeu de mots). Rien d'honteux mais le sujet me paraît suffisamment sérieux pour avoir envie de mieux comprendre les mécanismes qui nous animent quand on doit faire des choix qui nous coûtent (et coûtent à ceux qu'on aime ou apprécie).
.O.